J’aurais pu…

J’aurais pu être un poète chantant la nature

 Regardant dans un prisme les reflets du temps

M’inspirant de Baudelaire, Nerval ou Rimbaud

Tous ceux qui ont bercé mon adolescence rebelle

Mais je ne suis pas poète

J’aurais pu être un marin à l’image d’un Colomb

Défiant les tempêtes sur de fières caravelles

Découvreur d’îles vierges où m’éloigner du monde

Avec dessus ma peau des étoiles de sel

Mais je ne suis pas marin

J’aurais pu être un comédien au service de Molière

Déclamant sur les planches des proses ou des vers

Hué ou adulé, cabotin ou génie

Essayant de servir au mieux nos auteurs classiques

Mais je ne suis pas comédien

J’aurais pu être un musicien pianiste virtuose

Interprétant ému des partitions célèbres

Faisant miens un instant ces hymnes à la joie

Et autres mélodies qui bouleversent les âmes

Mais je ne suis pas musicien

J’aurais pu être un peintre fou au talent ignoré

Empruntant la palette enchantée d’un Cézanne

Transportant sur la toile les couleurs de Provence

Aux senteurs de lavande que le vent éparpille

Mais je ne suis pas peintre

Tout ce qui touche à l’art m’émeut depuis longtemps

Mais je n’ai pas hélas le talent d’un artiste

Je ne suis qu’un être ordinaire et banal

Capable modestement d’aligner quelques mots

pour laisser une trace de mes pas

Et rendre hommage à ceux que j’aime

Do Ré Mi Fa Sol la Si

Avec sept notes de musique

Je t’écrirais les plus belles symphonies

Et tu feras le tour du monde en chansons

Notre amour se jouera des interdits

Balayant la morosité des jours de pluie

Changeant le violon plaintif

En gouttes d’eau joyeuses

Avec sept notes de musique

Je réinventerai les comptines de ton enfance     

Puis je t’enroulerai dans un tourbillon de valses

Jusqu’à l’épuisement de nos corps

Parce qu’il y a longtemps que je t’aime

Pour que plus jamais tu ne sois triste

Pour que plus jamais tu ne pleures

Pour que plus jamais tu ne meures