Cette nuit j’ai rêvé un poème

Je ne suis pas sûre de m’en souvenir

Juste qu’il s’intitulait : promesses

Et qu’il commençait ainsi

« Tu verras

 Il y aura des petits matins bleus

Pour effacer nos rêves

Et des soleils joyeux

Comme des éclats de rire

Tu verras

Il y aura des envolées semblables

 À ces grands oiseaux blancs attirés par le sud

Tels des cerfs-volants bousculés par le vent

Et dans le sable chaud nos amours enfouis

Tu verras

 Il y aura le gris de l’océan sauvage

Et des bateaux que les marées chahutent

En partance vers des îles lointaines

Là où se couche un soleil rougeoyant

Mais il n’y a jamais eu de petits matins bleus

Ni de soleils rieurs ni d’amours enfouis

De tout cela je n’ai rien ressenti mais

La poésie retient ce que le sommeil oublie

J’aurais pu…

J’aurais pu être un poète chantant la nature

 Regardant dans un prisme les reflets du temps

M’inspirant de Baudelaire, Nerval ou Rimbaud

Tous ceux qui ont bercé mon adolescence rebelle

Mais je ne suis pas poète

J’aurais pu être un marin à l’image d’un Colomb

Défiant les tempêtes sur de fières caravelles

Découvreur d’îles vierges où m’éloigner du monde

Avec dessus ma peau des étoiles de sel

Mais je ne suis pas marin

J’aurais pu être un comédien au service de Molière

Déclamant sur les planches des proses ou des vers

Hué ou adulé, cabotin ou génie

Essayant de servir au mieux nos auteurs classiques

Mais je ne suis pas comédien

J’aurais pu être un musicien pianiste virtuose

Interprétant ému des partitions célèbres

Faisant miens un instant ces hymnes à la joie

Et autres mélodies qui bouleversent les âmes

Mais je ne suis pas musicien

J’aurais pu être un peintre fou au talent ignoré

Empruntant la palette enchantée d’un Cézanne

Transportant sur la toile les couleurs de Provence

Aux senteurs de lavande que le vent éparpille

Mais je ne suis pas peintre

Tout ce qui touche à l’art m’émeut depuis longtemps

Mais je n’ai pas hélas le talent d’un artiste

Je ne suis qu’un être ordinaire et banal

Capable modestement d’aligner quelques mots

pour laisser une trace de mes pas

Et rendre hommage à ceux que j’aime

Do Ré Mi Fa Sol la Si

Avec sept notes de musique

Je t’écrirais les plus belles symphonies

Et tu feras le tour du monde en chansons

Notre amour se jouera des interdits

Balayant la morosité des jours de pluie

Changeant le violon plaintif

En gouttes d’eau joyeuses

Avec sept notes de musique

Je réinventerai les comptines de ton enfance     

Puis je t’enroulerai dans un tourbillon de valses

Jusqu’à l’épuisement de nos corps

Parce qu’il y a longtemps que je t’aime

Pour que plus jamais tu ne sois triste

Pour que plus jamais tu ne pleures

Pour que plus jamais tu ne meures

Homme sweet Homme

Il était doux comme l’agneau qui vient de naître

Tendre comme un steak dans le filet de bœuf

Joyeux comme un pinson des champs

Et câlin comme mon doudou au meilleur de sa forme

Je l’ai laissé tomber comme une vielle chaussette

Il était pourtant beau comme un dieu grec

Et comme le légionnaire de la chanson d’Edith

Il sentait si bon le sable chaud

Puis il est devenu triste comme un jour sans pain

Malheureux comme les pierres

Les ans ont flétri son joli teint de pêche

Et il devint con comme la lune.

Evasion

Il a pris un bateau pour aller n’importe où

Loin de l’agitation et de de l’hypocrisie

Des villes embrumées et malodorantes

Vogue la goélette à travers les tempêtes

Là où personne ne retournera la chercher

Il a pris un bateau pour aller quelque part

Le creux des vagues c’est l’abîme de sa vie

Il a côtoyé des sommets jusqu’à l’écume

Quelque part où le mèneront les flots en colère

Vers des îles désertes qu’on ne puisse plus l’atteindre

Il a pris un bateau pour aller au-delà

Des mers et des montagnes et des vertes prairies

En calquant son quotidien au rythme des marées

Et sur le quai du port où l’attend son esquif 

Il a pris la mer pour un dernier voyage

Couché tel un gisant balloté par les flots

Le poète

Quand vient l’inspiration

Et que j’écris un poème

Je le lis à haute voix

Pour entendre la musique des mots

Parfois légers, parfois insensés

Mais on peut pardonner ses délires

Au poète lunaire

Qui se laisse emporter

Comme un torrent qui coule

Au rythme des saisons

La poésie est une mélodie

Amputée de sa musique

Quand elle est  mise en chanson

Le musicien accompagne le poète

Dans une fusion qui nous bouleverse …

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre

Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant …. (Aragon- Ferrat )

Partir

Je ne puis prendre mon envol

Je n’ai pas le droit de partir

Captive et confinée, lasse des jours sans fin

Le ciel indécis de novembre

Ressemble à des murs de poussière

Il a brisé ma joie faisant de mon ennui

La trame quotidienne d’une vie qui décline

Certains jours contrastant si belle est la nature

Avec ses touches d’automne

Des rouges flamboyants aux jaunes les plus tendres

J’aimerais comme ces oiseaux aux plumes bigarrées

M’envoler vers le sud

Quelque part attendue, espérée, désirée

Pour rejoindre l’ami au creux d’un lit douillet

J’ai mal à mon novembre quand le soleil couchant

Rayonne encore si fort et que je suis contrainte

De rester enfermée dans ma prison dorée

Je ne puis prendre mon envol

Je n’ai pas le droit de partir

Confinement de Novembre 2020

Errance

Gens du voyage aux longs parcours

Gitanes roms ou bohémiens

Musiciens d’un monde mouvant

Du jazz manouche de Django

Aux accords tziganes de Manitas

Une blessure d’errance au cœur

A toujours fixer le point du jour

Sans jamais pouvoir s’y arrêter

Une musique à fendre l’âme

Qui sort des guitares envoûtantes

Où chacun trouve sa nourriture

Humeurs chagrines ou joies intenses

Le jour où ma roulotte a croisé la vôtre

J’ai compris d’un seul regard

Que nous étions frères de cœur

Sur les chemins caillouteux de la vie

Poème dédié à Thomas Dutronc

Les noisettes

 

Les noisettes

On a ramassé les dernières noisettes

Cachées sous la couleur des feuilles d’automne

On a rentré les meubles de jardin

Où l’été a passé comme un éclair

Serons-nous nous aussi demain

Enfouis comme ces noisettes

Sous la couleur des feuilles d’automne

 

Les hirondelles ont déserté le nid

Où reste encore chaud le duvet de l’enfance

Les mêmes qui reviendront à l’époque vernale

Redonner naissance à la vie

Cycle infernal toujours recommencé

Chaque année plus difficile à encaisser

Les âges déclinants

 

Et voici novembre et son chariot de défunts

Que fleurissent des chrysanthèmes

Aux joyeuses couleurs

Mélange détonnant de joie et de tristesse

Quand les jours froids de marbre

Annoncent déjà l’hiver

 

Redonnez-moi les noisettes dorées

De mon enfance perdue

Sous la couleur des feuilles d’automne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La révolte

La révolte

Assez de tes départs, assez de tes voyages

Assez de tes retours aux allures triomphantes

Avec dedans tes yeux des étoiles qui flambent

Assez des quais de gares et des aéroports

De ces mains qui s’agitent, de ces larmes enfouies

Assez des repas froids dans le bistrot du coin

Loin des dîners intimes autour d’un feu de bois

Je n’ai droit qu’à l’absence, je n’ai droit qu’à l’oubli

A des photos si belles que leur vison me brise

Pour un cœur naufragé ces images me hantent

Quand m’emporteras-tu dans cet inconnu

Que nous vivions ensemble un de tes souvenirs

Je veux moi aussi entendre les tigres feuler dans la savane