L’écriture à la première personne.

C’est comme sur la scène d’un théâtre où l’acteur joue un rôle.

L’écrivain aussi peut entrer dans la peau de son personnage. Le « je » lui permet de s’investir, de se mettre en danger, de prendre des risques sans toutefois se livrer. Ce n’est pas sa vie qu’il raconte mais celle de son héros après avoir enfilé son manteau. Il reste au cœur de l’action mais Il n’y a pas de similitude entre l’auteur et ses personnages si ce n’est qu’ils prennent vie.

L’écrivain qui utilise le »il » ou le « on » survole son texte sans y prendre part. Il raconte son histoire sans y participer si bien qu’il reste en dehors des évènements.  Si belles soient les histoires et les mots pour les raconter ils ne lui appartiennent pas. Ils sont dans le domaine public.

Homme sweet Homme

Il était doux comme l’agneau qui vient de naître

Tendre comme un steak dans le filet de bœuf

Joyeux comme un pinson des champs

Et câlin comme mon doudou au meilleur de sa forme

Je l’ai laissé tomber comme une vielle chaussette

Il était pourtant beau comme un dieu grec

Et comme le légionnaire de la chanson d’Edith

Il sentait si bon le sable chaud

Puis il est devenu triste comme un jour sans pain

Malheureux comme les pierres

Les ans ont flétri son joli teint de pêche

Et il devint con comme la lune.

Evasion

Il a pris un bateau pour aller n’importe où

Loin de l’agitation et de de l’hypocrisie

Des villes embrumées et malodorantes

Vogue la goélette à travers les tempêtes

Là où personne ne retournera la chercher

Il a pris un bateau pour aller quelque part

Le creux des vagues c’est l’abîme de sa vie

Il a côtoyé des sommets jusqu’à l’écume

Quelque part où le mèneront les flots en colère

Vers des îles désertes qu’on ne puisse plus l’atteindre

Il a pris un bateau pour aller au-delà

Des mers et des montagnes et des vertes prairies

En calquant son quotidien au rythme des marées

Et sur le quai du port où l’attend son esquif 

Il a pris la mer pour un dernier voyage

Couché tel un gisant balloté par les flots